Depuis le 27 juin dernier, l’Eglise catholique au Cambodge compte un prêtre de plus. Ordonné par Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh, le P. Pierre Sok Na rejoint ainsi le petit groupe des prêtres cambodgiens (ils sont désormais au nombre de huit) au service des quelque 22 000 catholiques de ce pays très majoritairement bouddhiste.

L’Eglise du Cambodge poursuit ainsi son chemin de renaissance après avoir été presque totalement anéantie par les persécutions des Khmers rouges et la guerre civile jusqu’en 1990. Dès la toute fin des années 1980, lorsque Mgr Yves Ramousse, le vicaire apostolique de Phnom Penh de l’époque, put revenir au Cambodge, lui-même et les missionnaires qui l’ont peu à peu rejoint ont estimé qu’il était primordial pour l’avenir de cette communauté de s’enraciner localement. Pour les prêtres de la Société des Missions Etrangères de Paris (MEP), très présents parmi ces premiers missionnaires de retour à Phnom Penh, cet enracinement passait par la fondation d’un grand séminaire dans le pays, plutôt que par l’envoi des futurs prêtres cambodgiens en Thaïlande ou ailleurs.

C’est ainsi que dès 1992, le séminaire Saint-Jean-Marie-Vianney a été ouvert à Battambang, avant d’être transféré en 1998 à Phnom Penh. Les quatre premiers séminaristes issus de la communauté catholique locale furent ordonnés prêtres en 2001. Peu à peu, le cursus des études s’est renforcé et les séminaristes étudient désormais quatre années d’études philosophiques à l’université royale de Phnom Penh, années durant lesquelles ils étudient également la Bible et suivent des cours de théologie au séminaire ; ce n’est qu’après ce temps de formation philosophique qu’ils étudient la théologie à plein-temps, pendant trois ans.

Lors de la messe d’ordination de Pierre Nok Sa, Mgr Olivier Schmitthaeusler, MEP, a souligné le rôle joué par le séminaire et l’engagement qu’il représente pour le vicariat de Phnom Penh et les deux préfectures apostoliques de Battambang et de Kompong Cham. « La formation, répartie sur un cycle de six ans, est assurée en langue cambodgienne par de nombreux prêtres missionnaires qui se rendent disponibles pour ce service essentiel à la construction de l’Eglise locale », a-t-il précisé.

De fait, les désormais huit prêtres cambodgiens de l’Eglise locale ne sont pas seuls pour accompagner une Eglise en plein essor. Les missionnaires étrangers sont au nombre de 63 actuellement, issus de huit instituts missionnaires (dont les MEP) et de deux congrégations religieuses (jésuites et salésiens). On compte également quelque 150 religieuses appartenant à 27 congrégations différentes.

Quant à Pierre Sok Na, admis au séminaire en 2008, il a été ordonné au titre du vicariat apostolique de Phnom Penh. Il rejoint les PP. Un Son et Suong Hangly, ordonnés en 2001, dans le groupe des prêtres locaux. Mgr Schmitthaeusler l’a nommé « auprès de ses frères et sœurs du Secteur pastoral Sud de Phnom Penh mais aussi de tous ceux qui cherchent une lumière de paix et de miséricorde dans leurs vies blessées ». Vietnamien du Cambodge, appartenant à la paroisse majoritairement vietnamienne de Wat Champa (Vat Champa), Pierre Nok Sa personnifie une partie de l’identité de l’Eglise du Cambodge, dont la communauté des fidèles est encore aujourd’hui formée aux deux tiers par des familles d’origine vietnamienne ou khméro-vietnamienne.

Enfin, concernant les ordinations à venir, Mgr Schmitthaeusler ne manque de souligner qu’« un ou deux jeunes » rentreront en première année de séminaire à la rentrée 2015 et que le séminaire compte « trois étudiants en deuxième année et deux en troisième année ». Soucieux de promouvoir les vocations, le jeune évêque, âgé de 45 ans, multiplie par ailleurs les rassemblements de jeunes et les camps « vocation ». (eda/ra)

(Source: Eglises d'Asie, le 6 juillet 2015)