Le 5 février dernier fut une journée d’épreuve pour les autorités vietnamiennes. Ce jour-là, en effet, l’Etat vietnamien présentait devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève, un rapport sur la situation des droits de l’homme sur son territoire. C’était pour lui un exercice difficile mais obligatoire dans le cadre de l’« Examen périodique universel » (UPR), auquel doivent se soumettre les membres du Conseil. Le rapport présenté a été largement et vivement contesté par un ensemble de délégations nationales et d’organisations internationales. Diverses associations issues de la diaspora vietnamienne ont organisé des manifestations marquant leur désaccord avec le rapport présenté par le gouvernement vietnamien.
La délégation vietnamienne venue à Genève présenter ce compte-rendu était conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères Ha Kim Ngoc. Ce rapport de 20 pages avait été envoyé au secrétariat du Conseil des droits de l’homme le 31 octobre 2013. Le Vietnam était l’une des 14 rations devant se soumettre à cet exercice au cours de cette 18e session du Conseil qui avait débuté le 27 janvier et s’est achevé le 7 février 1014.
Le compte-rendu (1), présenté par le vice-ministre des Affaires étrangères, se voulait un tableau exhaustif de la situation des droits de l’homme ; en fait, il s’agissait d’un plaidoyer pro domo donnant une image plutôt idyllique de la situation humanitaire en ce pays. Il met en valeur les efforts de l’Etat vietnamien pour enrayer la pauvreté, secourir les handicapés. Il souligne les efforts du Vietnam pour mettre en œuvre les injonctions et les recommandations du Conseil des droits de l’homme.
Le rapport parcourt ensuite l’ensemble des droits de l’homme et affirme que chacun d’eux est respecté au Vietnam, y compris ceux qui sont notoirement violés comme la liberté d’opinion, la liberté de presse… et quelques autres. Plusieurs pages sont consacrées à la liberté des citoyens vietnamiens dans le domaine religieux. Le rapport présente d’étranges statistiques : dans un pays décrit comme « pluri-religieux », 95 % de ses habitants (90 millions environ) mèneraient une vie marquée par les croyances religieuses ; mais sur ce nombre, précise le compte-rendu, seulement 24 millions adhéreraient à l’une des religions présentes au Vietnam.
Après avoir affirmé que la seule politique pratiquée par le gouvernement consiste à créer des conditions favorables à la liberté religieuse de tous, le rapport fait l’éloge de la législation édictée par le gouvernement, en particulier la fameuse Ordonnance sur les croyances et la religion (mise en vigueur en 2004) et son récent décret d’application. Le rapport continue en mettant au crédit du gouvernement les immenses rassemblements religieux qui ont eu lieu et vont avoir lieu, aussi bien chez les catholiques chez les bouddhistes, la formation des dignitaires ecclésiastiques dans le pays et à l’étranger, ou bien encore la multiplication des lieux de culte.
Après la lecture du rapport, les représentants de plus de 100 nations ont participé à la séance de questions, commentaires et recommandations. Les intervenants ont relevé certains progrès dans l’élimination de la pauvreté et la mise en œuvre des recommandations émanant des instances internationales des droits de l’homme.
Cependant, de nombreuses critiques ont été émises, certains très vigoureuses. Elles ont concerné l’exercice de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, l’internement de nombreux prisonniers politiques. Les critiques sont venues des délégations de pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Irlande, la Pologne, la Finlande, ainsi que d’ONG internationales.
Le représentant de Reporters sans frontières a ainsi formulé son jugement : « Je voudrais dire que Hanoi ne peut plus continuer à tromper ainsi les Nations Unies et le monde. Plus que tout autre, les dirigeants de Hanoi savent clairement ce qu’ils sont en train de faire, les politiques oppressives qu’ils appliquent. La vérité est clairement exposée à la vue de tous, par exemple dans les condamnations à de longues peines de prison qu’ils infligent aux dissidents et aux blogueurs coupables d’avoir exprimé une opinion différente de la leur, ou encore dans l’utilisation de plus en plus commune de la violence pour harceler les blogueurs exaltant de la démocratie et agresser même leurs parents. C’est une vérité qui ne veut plus être cachée ! »
Le 7 février, le groupe de travail chargé de l’examen des rapports transmettait au Vietnam une liste de 227 recommandations. Certains points étaient plus particulièrement soulignés. Les autorités vietnamiennes ont été priées de respecter la liberté d’opinion, la liberté de presse sur le réseau Internet et ailleurs. Mention était faite de la liberté de rassemblement. Certaines recommandations concernaient l’exercice de la liberté religieuse au sein des minorités ethniques. Plusieurs autres proposaient au Vietnam d’abandonner la peine de mort ou de la réserver pour les crimes de gravité exceptionnelle. Quelques pays ont demandé au Vietnam la révision de nombreux articles de son Code pénal, en particulier de ceux qui sont utilisés pour la répression des dissidents.
(Source: Eglises d'Asie, le 12 février 2014)
La délégation vietnamienne venue à Genève présenter ce compte-rendu était conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères Ha Kim Ngoc. Ce rapport de 20 pages avait été envoyé au secrétariat du Conseil des droits de l’homme le 31 octobre 2013. Le Vietnam était l’une des 14 rations devant se soumettre à cet exercice au cours de cette 18e session du Conseil qui avait débuté le 27 janvier et s’est achevé le 7 février 1014.
Le compte-rendu (1), présenté par le vice-ministre des Affaires étrangères, se voulait un tableau exhaustif de la situation des droits de l’homme ; en fait, il s’agissait d’un plaidoyer pro domo donnant une image plutôt idyllique de la situation humanitaire en ce pays. Il met en valeur les efforts de l’Etat vietnamien pour enrayer la pauvreté, secourir les handicapés. Il souligne les efforts du Vietnam pour mettre en œuvre les injonctions et les recommandations du Conseil des droits de l’homme.
Le rapport parcourt ensuite l’ensemble des droits de l’homme et affirme que chacun d’eux est respecté au Vietnam, y compris ceux qui sont notoirement violés comme la liberté d’opinion, la liberté de presse… et quelques autres. Plusieurs pages sont consacrées à la liberté des citoyens vietnamiens dans le domaine religieux. Le rapport présente d’étranges statistiques : dans un pays décrit comme « pluri-religieux », 95 % de ses habitants (90 millions environ) mèneraient une vie marquée par les croyances religieuses ; mais sur ce nombre, précise le compte-rendu, seulement 24 millions adhéreraient à l’une des religions présentes au Vietnam.
Après avoir affirmé que la seule politique pratiquée par le gouvernement consiste à créer des conditions favorables à la liberté religieuse de tous, le rapport fait l’éloge de la législation édictée par le gouvernement, en particulier la fameuse Ordonnance sur les croyances et la religion (mise en vigueur en 2004) et son récent décret d’application. Le rapport continue en mettant au crédit du gouvernement les immenses rassemblements religieux qui ont eu lieu et vont avoir lieu, aussi bien chez les catholiques chez les bouddhistes, la formation des dignitaires ecclésiastiques dans le pays et à l’étranger, ou bien encore la multiplication des lieux de culte.
Après la lecture du rapport, les représentants de plus de 100 nations ont participé à la séance de questions, commentaires et recommandations. Les intervenants ont relevé certains progrès dans l’élimination de la pauvreté et la mise en œuvre des recommandations émanant des instances internationales des droits de l’homme.
Cependant, de nombreuses critiques ont été émises, certains très vigoureuses. Elles ont concerné l’exercice de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, l’internement de nombreux prisonniers politiques. Les critiques sont venues des délégations de pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Irlande, la Pologne, la Finlande, ainsi que d’ONG internationales.
Le représentant de Reporters sans frontières a ainsi formulé son jugement : « Je voudrais dire que Hanoi ne peut plus continuer à tromper ainsi les Nations Unies et le monde. Plus que tout autre, les dirigeants de Hanoi savent clairement ce qu’ils sont en train de faire, les politiques oppressives qu’ils appliquent. La vérité est clairement exposée à la vue de tous, par exemple dans les condamnations à de longues peines de prison qu’ils infligent aux dissidents et aux blogueurs coupables d’avoir exprimé une opinion différente de la leur, ou encore dans l’utilisation de plus en plus commune de la violence pour harceler les blogueurs exaltant de la démocratie et agresser même leurs parents. C’est une vérité qui ne veut plus être cachée ! »
Le 7 février, le groupe de travail chargé de l’examen des rapports transmettait au Vietnam une liste de 227 recommandations. Certains points étaient plus particulièrement soulignés. Les autorités vietnamiennes ont été priées de respecter la liberté d’opinion, la liberté de presse sur le réseau Internet et ailleurs. Mention était faite de la liberté de rassemblement. Certaines recommandations concernaient l’exercice de la liberté religieuse au sein des minorités ethniques. Plusieurs autres proposaient au Vietnam d’abandonner la peine de mort ou de la réserver pour les crimes de gravité exceptionnelle. Quelques pays ont demandé au Vietnam la révision de nombreux articles de son Code pénal, en particulier de ceux qui sont utilisés pour la répression des dissidents.
(Source: Eglises d'Asie, le 12 février 2014)