22/09/2018 -- Le 12 juin dernier, l’Assemblée vietnamienne votait une loi controversée sur la sécurité en ligne, exigeant un contrôle plus sévère des internautes. Aujourd’hui, plusieurs ONG et de nombreux militants pour les Droits de l’Homme dans le pays appellent le gouvernement à modifier sa loi afin qu’elle soit conforme aux normes internationales, estimant qu’en l’état, elle s’attaquait à la liberté d’expression des citoyens vietnamiens.

Plusieurs ONG et autres groupes militants pour les Droits de l’Homme ont appelé l’Assemblée nationale vietnamienne à suspendre et à modifier sa loi controversée sur la cybersécurité. Ils affirment que la loi, qui doit prendre effet le 1er janvier 2019, « comporte beaucoup de points qui violent la liberté d’expression de façon flagrante », et qu’elle précise quelques comportements proscrits tels que « déformer l’histoire »… Les organisations dénoncent le risque que ces interdictions puissent donner aux autorités le moyen de violer la liberté d’expression des citoyens, pourtant garantie par la Constitution. La loi exige également des sociétés telles que Facebook ou Google d’enregistrer les données personnelles des internautes vietnamiens ainsi que celles des entreprises. Il est demandé aux fournisseurs d’accès à Internet de supprimer des informations publiées à la demande des autorités, sans l’accord du tribunal. Les militants craignent que les citoyens n’auront aucun moyen judiciaire de protéger leurs données et leurs informations personnelles. Ils jugent que la loi sur la cybersécurité, votée par l’Assemblée le 12 juin dernier, va à l’encontre des Droits de l’Homme. La loi, dénoncent-ils, « va créer des barrières commerciales pour les entreprises étrangères présentes au Vietnam, les forçant à ouvrir des succursales vietnamiennes et d’y enregistrer les données des usagers dans le pays ».

60 millions de comptes Facebook vietnamiens

Près de 1 500 personnes, dont des ONG, ont signé une pétition appelant à revoir la loi sur la cybersécurité. Le 13 septembre, le ministre vietnamien de l’Information et de la Communication Nguyen Manh Hung a déclaré que « Facebook, vu son succès au Vietnam, devrait investir dans la recherche et le développement et ouvrir des bureaux vietnamiens ». Le premier ministre Nguyen Xuan Phuc a insisté auprès de Simon Milner, vice-président de la politique publique de Facebook dans la région Asie-Pacifique, en affirmant que le géant devait coopérer étroitement avec son gouvernement, retirer les « mauvaises informations » et assurer la protection des comptes des 60 millions d’utilisateurs vietnamiens. Les militants affirment également que la loi menace l’éventuelle signature de l’EVFTA (Accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Vietnam). En effet, avant toute ratification du traité, les membres du Parlement européen exigent du Vietnam des progrès concernant les Droits de l’Homme. Ils demandent au Vietnam de revoir sa loi afin qu’elle soit conforme aux normes internationales relatives aux Droits de l’Homme, y compris le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont le Vietnam est un État partie depuis 1982.

(Source: Églises d'Asie, le 22 septembre 2018, Avec Ucanews, Hanoi)